On distingue deux catégories principales d'huiles usagées :
Les huiles noires : elles comprennent les huiles moteurs usagées et certaines huiles industrielles utilisées par exemple pour la trempe des métaux ou comme fluides caloporteurs. Ces huiles sont fortement dégradées et contaminées.
Les huiles claires proviennent de l'utilisation des catégories de lubrifiants cités dans le tableau ci-dessus. Elles sont réputées peu chargées en impuretés et en éléments polluants et donc faciles à valoriser sous forme matière.
C'est le type de traitement que ces huiles doivent subir pour être réutilisées qui a conduit à cette classification.
Les "huiles usagées" sont des déchets dangereux.
Elles ne doivent pas être confondues avec
les huiles solubles usagées et autres fluides aqueux d'usinage, les huiles de
friture d'origine végétale, les mélanges eaux-hydrocarbures pour lesquels les
circuits de collecte et d'élimination sont complètement différents.
Les huiles usagées moteurs analysées à la
sortie des carters contiennent un certain nombre de polluants issus de la
dégradation des constituants d'origine des lubrifiants mais aussi au
contact des huiles avec le carburant et les gaz d'échappement :
• des suies, des résines,
• des métaux lourds,
• des acides organiques provenant de l'oxydation partielle de l'huile,
• du chlore provenant de certains additifs de lubrification,
• des composés aromatiques parmi lesquels des hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP),
• des phénols, des phtalates.
Les huiles industrielles noires usagées
sont elles aussi très dégradées et leur contamination se rapproche de celle des
huiles moteurs. Les huiles de trempe par exemple se chargent pendant leur
utilisation de goudrons et de résines suite à l'oxydation importante du
lubrifiant.
Enfin, les huiles industrielles claires usagées sont peu contaminées. En
effet, l'eau et les particules sont en général les responsables de l'usure du
lubrifiant.
Pourquoi les huiles usagées sont-elles dangereuses pour l'environnement et la santé ?
D'une manière générale, les huiles usagées sont peu biodégradables. Elles ont une densité plus faible que l'eau. C'est pourquoi 1 litre d'huile usagée peut couvrir une surface importante d'eau et réduire l'oxygénation de la faune et de la flore du milieu. Les conséquences d'un rejet direct de l'huile usagée dans le milieu naturel sont donc évidentes.
Par ailleurs, bien que son pouvoir calorifique puisse être estimé à environ 90 % du fuel lourd et fasse donc de l'huile un combustible intéressant, l'impact lié à sa combustion dans de mauvaises conditions peut également être important.
La teneur en composés aromatiques peut entraîner, pour des températures de combustion trop faibles, la formation d'hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP) dont le pouvoir cancérigène a été démontré.
La présence de chlore peut entraîner la formation de gaz chlorhydrique acide qui sera dégagé en totalité dans l'atmosphère s'il n'y a pas de neutralisation des fumées. Par ailleurs, le chlore est susceptible de former avec les composés aromatiques une multitude de composés parmi lesquels des PCB et des dioxines (surtout en présence de phénols).
La décomposition des phtalates à trop basse température conduit à la formation d'anhydride phtalique et d'HAP (éléments toxiques et mutagènes).